La naissance de Simône

Tout commence un soir d’octobre, un carnet ouvert et un aveu difficile à regarder en face. C’est là qu’apparaît Simône, la voix qui sabote, la carapace qui freine. Cet article qui raconte comment je l’ai rencontrée…

10/1/20192 min read

Et là, ça me frappe : Simone.
Mais pas n’importe laquelle.
Une Simone un peu dépassée, un peu grincheuse,
un peu « relou » — mais qui, paradoxalement, pourrait aussi devenir immense, puisqu’il existe tant de Simones iconiques qui ont changé le monde.

Alors je lui mets un circonflexe, une coquille.
Un plafond de verre, posé sur sa tête. Une barrière qu’elle traîne partout.

Et cette coquille, c’est la mienne.
Celle que je dois apprendre à repérer, à enlever, à briser.

Ce soir-là, trois mots qui ne me quitteront plus :
Écrase ta Simône !
Ecrase cette coquille, qui alourdi ton pas, qui t'empêche d'avancer ;
Ecrase ta Simône pour la remettre à sa place : derrière !
Pour l’empêcher de décider à ma place
si je mérite, si je suis prête, si je peux briller.

Simône est née le 1er octobre 2019.
Depuis, elle grogne, elle traîne des pieds, elle boude mes projets…
Mais je la vois venir à des kilomètres
Je la connais bien maintenant
Je l'exorciste par le dessin
Et surtout : je l’écrase avant qu’elle ne m’écrase.

Et toi ?
Ta Simône, elle ressemble à quoi ?
Parce que Si ! on en a tous une — plus ou moins bruyante, plus ou moins saboteuse.
En apprenant à identifier ma Simône, j'ai appris à détecter celle des autres.

Mais une chose est sûre :
le jour où tu la rencontres vraiment,
le jour où tu la nommes,
le jour où tu comprends qu’elle n’est pas toi…
c’est là que commence Ta Liberté.

Celle qui ronchonne, qui chipote,
qui frisonne dès qu’on la regarde trop longtemps.
Celle qui se glisse entre moi et mes ambitions,
qui souffle le doute pile au moment où je m’apprête à prendre de l’élan.
Celle qui cache sa panique derrière des soupirs too much,
persuadée que la meilleure stratégie pour survivre… c’est de se planquer.

Pendant des années, je croyais être seule aux commandes de ma vie :
Aurélie, architecte sûre d’elle, professionnelle, carrée, femme qui avance quoiqu'il arrive.
J’entrais en réunion comme on entre sur un ring :
prête, solide, lucide.

Et puis, un coaching.
Une question.
Une prise de conscience.
« C'est qui cette autre personne avec nous »,
« Tu sembles être deux ? », me dit le coach.
Quoi ? Hein ?Je ris jaune. Je balaye. Je change de sujet.

Mais il insiste. Qui est-ce ?? Il me décrit ce que je ne voyais pas :
D’un côté, Aurélie, ancrée, brillante, les épaules relevées.
De l’autre… une présence timide, furtive. Une femme qui s’excuse d’être là. Mais qui est-elle ?
Son nom ? Sa forme ? Sa couleur ?
Je la reconnais avec désespoir, mais je n’ai aucune envie de l’admettre.
Parce que la nommer, c’est la faire exister pour moi, à cet instant-là.
Et si, elle existe... Tuez-là, je ne suis pas elle !

Je boude. Je résiste.
Et pourtant… je prends conscience !

Ce soir-là, dans mon lit, je prends mon carnet.
Je gribouille une silhouette — mi-femme, mi-tortue.
Une carapace pour se cacher.
Une démarche hésitante.
Je cherche un nom.
Brigitte ? Pfff... Non.
Il faut un prénom qui râle. Qui traîne les pieds. Qui fait « tchiiiip »

Cher 1er
Octobre 2019,

C’est ce jour-là que tout a basculé.
Rassures-toi, je ne parle pas d'un grand fracas.
Une prise de conscience progressive qui démarre
sur un carnet ouvert comme un aveu
qu’on aimerait garder sous le tapis,
parce qu’y faire face, franchement, ça pique un peu

C’est ce jour-là qu’est née Simône.